Réunion départementale stratégique sur l'essor des énergies renouvelables en Ariège (16 mars 2021)

Mis à jour le 23/03/2021
Energies renouvelables

Sylvie Feucher, préfète de l’Ariège, et Christine Téqui, présidente du Conseil Départemental de l’Ariège, ont co-présidé le 16 mars 2021, dans l’auditorium des forges de Pyrène à Montgailhard, une réunion avec les élus locaux, sur les enjeux du développement des énergies renouvelables pour le département.

Un des axes majeurs de la mise en œuvre de la transition énergétique est celui de la production d’énergies renouvelables. Pour en accompagner l’émergence en Ariège, les services de l’État assurent une mission de conseil auprès des porteurs de projets, en veillant, en concertation avec les collectivités territoriales, à leur développement maîtrisé et cohérent.

Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) alerte depuis de nombreuses années sur le réchauffement climatique, c’est aujourd’hui une réalité. Le climat s’est déjà réchauffé de 1,5°C en moyenne en France métropolitaine. 2020 pourrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. 62% des Français sont exposés de manière forte ou très forte aux risques climatiques (inondations, sécheresses, tempêtes, feux de forêts…). D’autres effets sont déjà ancrés dans notre quotidien (hausse des plantes invasives et des pollens liés à la hausse des températures, moustiques tigres, épisodes caniculaires et évènements climatiques plus extrêmes, stagnation des rendements, voire pertes agricoles …).

Le réchauffement climatique n’est pas le seul « baromètre » qui nous alerte. Les activités humaines exercent une pression trop importante sur les écosystèmes (pollution de l’air, de l’eau, des sols, imperméabilisation…). L’érosion de la biodiversité s’accélère : plus de 50% des espèces d’animaux ont disparu ces 40 dernières années. Le rapport de l’IPBES (groupe international d’experts sur la biodiversité) rendu public en 2019 souligne la crise d’extinction massive des animaux et des plantes en cours. La dégradation des sols, la disparition ou dégradation de 80% de la couverture forestière ces 30 dernières années ou la dégradation des océans (surpêche, pollution, acidification…) sont en cause. Or, nous sommes dépendants de la biodiversité, par exemple les espèces marines sont indispensables à notre sécurité alimentaire, l’agriculture est dépendante des écosystèmes naturels…

Pour la première fois depuis 1970, la crise du COVID a légèrement fait reculer notre consommation mondiale des ressources naturelles, mais nos besoins dépassent toujours plus le volume de ressources que la planète peut générer : il a fallu l’équivalent de 1,6 planètes en 2020 pour répondre aux besoins de l’humanité. Depuis 1900, alors que la population mondiale a été multipliée par 4, la consommation d’énergie mondiale a été multipliée par 20. 80% de la production d’énergie primaire dans le monde repose encore sur les énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre. Un Français a une empreinte carbone moyenne de 12 tonnes de CO2 par an (émission directe des ménages et fabrication des biens et services qu’ils consomment) soit 2,4 fois l’empreinte moyenne mondiale. Il faudrait tendre vers un budget CO2 entre 1.6 et 2.8 tonnes par personne pour être compatible avec l’accord de Paris et contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C en 2100. Alors que la consommation d’énergie représente l’essentiel (près de 76%) des émissions de gaz à effet de serre françaises, les principaux leviers d’action dans la lutte contre le changement climatique sont d’abord, et il faut le souligner fortement, la réduction de la consommation d’énergie (via la sobriété et l’efficacité énergétique) et ensuite le développement des énergies renouvelables.

Les 5-10 prochaines années seront décisives pour contenir le réchauffement climatique et ses impacts. Le GIEC avait souligné en 2018 les effets exponentiels du réchauffement climatique. Par exemple avec +1,5 °C c’est 70 à 90% des récifs coralliens qui sont menacés. A +2°C on estime qu’ils auront disparu à 99%. Chez nous, les glaciers pyrénéens pourraient complètement disparaître d’ici 2050 d’après les glaciologues. On peut s’attendre avec +1.5°C à des pics de température de 50°C même en France et des épisodes météorologiques intenses (périodes de canicules notamment).

Le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dit « Climat et Résilience », est actuellement en cours d’examen en commission spéciale à l’Assemblée Nationale. De la rénovation énergétique, à la lutte contre l’artificialisation des sols, en passant par le soutien aux mobilités douces et aux évolutions touchant aux domaines de la consommation et de l’alimentation, les mesures proposées sont en cours de discussion. L’enjeu est fort : rattraper le retard de la France sur sa trajectoire d’émissions vers la neutralité carbone d’ici 2050.

L’atteinte des objectifs internationaux ou nationaux ne peut être possible sans une mobilisation forte de collectivités territoriales, pour leur déclinaison sur les territoires. Depuis la loi NOTRE 1 et TECV 2 , les Régions sont « chefs de file » et les EPCI « coordinateurs » de la transition énergétique. En tant que « chef de file », la Région Occitanie déploie d’importants moyens, notamment via son Agence Régionale de l’Energie et du Climat (AREC) pour atteindre l’objectif visé d’être Région à Energie Positive d’ici 2050, inscrit dans le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité du Territoire (SRADDET). Les EPCI ont vocation à décliner cette stratégie sur leurs territoires, notamment via l’élaboration et le pilotage de Plan Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET), qui doivent permettre de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux et citoyens autour des enjeux de transition énergétique. Mais ils sont aussi un acteur clé de la concertation locale et peuvent s’impliquer à divers niveaux dans le développement des projets d’EnR.

L’objectif de cette rencontre stratégique est de partager les enjeux et recenser les besoins du territoire pour planifier, concerter et être acteur du développement des énergies renouvelables. Elle se veut être le point de départ d’une mobilisation partagée des collectivités, des partenaires représentés et des services de l’État, pour que nous partagions un haut niveau d’ambition sur la transition énergétique de l’Ariège et que les collectivités comme les citoyens puissent devenir davantage acteurs des futures politiques énergétiques.