Santé

Mis à jour le 04/05/2016

Index d'articles

Contexte

Que produisaient les mines concernées ?
Le site de Sentein produisait essentiellement du zinc et du plomb.

Quelles sont les études réalisées sur le sujet ?
Les communes ariégeoises de Sentein et de Bonac-Irazein ont hébergé une importante activité d’extraction de minerais métalliques et de traitement desdits minerais jusqu’au siècle dernier. Dans le cadre d’un inventaire national de recherche des sites et sols pollués de l’industrie extractive, suite à une directive européenne, un classement des sites (de A à E) a été effectué. Le classement D et E  est attribué à des sites susceptibles de présenter un risque pour la santé humaine et pour l’environnement. Sentein a fait l’objet d’un classement  E.
Pour évaluer l’impact des pollutions résiduelles, suite à cette activité, des études sont menées et consistent en des prélèvements et des mesures environnementales, en tenant compte des usages constatés. Ces études permettent de délimiter les zones polluées et le type de pollution en utilisant une technique de modélisation. Cette technique a été testée par GEODERIS comme étude pilote en 2011 et 2012 sur le site de Salau.
Cette étude est basée sur l’Interprétation de l’Etat des Milieux (IEM) et  a pour enjeu de se prononcer sur la compatibilité ou non entre l’état des milieux (sols, air, eaux) et les usages constatés (résidences, loisirs, potagers, puits, …). Cette démarche d’évaluation des risques est un outil d’aide à la décision.
De 2013 à 2015, une étude environnementale et sanitaire détaillée a été menée par GEODERIS/INERIS, sur le site de Sentein. Le résultat de cette étude fait l’objet d’une communication à la population (documents d’information, réunions publiques en présence d’experts).

Campagne de dépistage

S’agit –t-il d’une enquête épidémiologique ?
L’épidémiologie cherche à quantifier la fréquence d’un évènement de santé dans une population et à déterminer, notamment, ses causes et les modalités de prévention.

On distingue trois types d’enquêtes épidémiologiques :

  • l’enquête descriptive pour étudier les facteurs de risques d’une pathologie et ses variations
  • l’enquête étiologique pour mettre en évidence une relation entre un facteur d’exposition et une maladie (qui nécessite une cohorte de population suffisante pour des résultats fiables)
  • l’enquête expérimentale (essais thérapeutiques)

Pour le site de Sentein, l’enquête descriptive est la plus appropriée et la plus pertinente. Pour la mettre en œuvre, il convient de connaître au préalable l’impact de l’exposition potentielle sur la population, d’où la campagne de dépistage proposée.
Par ailleurs, le saturnisme infantile (plombémie>50µg/l) est inscrit sur la liste des maladies à déclaration obligatoire. En France, il fait l’objet d’un système de surveillance épidémiologique.

Pourquoi une telle campagne ?
Cette campagne a pour objectifs de connaître l’état de santé de la population et d’assurer, si nécessaire, une prise en charge sanitaire individuelle adaptée. L’ensemble de la population  vivant à proximité du site de Sentein,  notamment les enfants de moins de 7 ans et les femmes enceintes, groupes de population les plus sensibles, est invité à participer à cette campagne.

Cette campagne comporte deux aspects :

  • un prélèvement sanguin (recherche de plomb dans le sang)
  • un recueil d’informations portant sur les caractéristiques de vie de la population concernée

L’ensemble des éléments recueillis sera étudié par l’Agence Nationale de Santé Publique (ANSP), qui remettra ses conclusions à l’ARS et à la Préfecture.

Comment a été choisi le polluant dosé ?
En prenant en compte les résultats de l’étude environnementale, le dépistage porte sur le métal lourd le plus présent et potentiellement le plus à risque pour la santé : le plomb.
Les niveaux de concentrations en plomb dans l’environnement du secteur minier de Sentein justifient la réalisation d’un dépistage organisé du saturnisme au sein des populations riveraines.
Le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP)  préconise, dans son avis de juin 2014, un dépistage des enfants de moins de 7 ans et des femmes enceintes ou envisageant une grossesse à court terme (dans les 6 mois), exposés dans leurs lieux de vie à des sols présentant une concentration en plomb supérieure ou égale à 300 mg/kg.

Qu’est-ce que cette campagne ne permettra pas ?
Le dépistage est une étape nécessaire pour pouvoir caractériser un passage éventuel du plomb à l’homme, mais il ne permettra pas de préciser pour chaque personne l’origine du plomb détecté dans le sang (où et comment la personne a été exposée au plomb).

Comment s’effectue la mesure des polluants observés ? Sur l’individu, dans l’environnement ?

Pour les êtres humains, la mesure de la présence de plomb s’effectue dans le sang.
Dans l’environnement, des mesures ont été effectuées dans les sols, dans les végétaux et dans l’eau.

Quel est le périmètre de la zone polluée concernée ? Comment la zone concernée a-t-elle été délimitée ?    

Les zones d’étude ont été délimitées à partir des études d’interprétation des milieux, déterminées par GEODERIS,  les données historiques d’activités et de caractéristiques géomorphologiques (bassins versants,…) ainsi que les usages constatés (cf. cartographie de communication).

Quels sont les polluants identifiés et les recommandations proposées pour la population et pour la zone ?

Des teneurs en plomb élevées sont constatées dans certains prélèvements de sol pour le site de Sentein. L’ ARS a décidé de proposer ce dépistage à l’ensemble de la population, ce qui permettra  d’apporter une réponse sur l’impact réel sur la santé, notamment pour les groupes identifiés comme les plus à risque.
Les modalités d’une campagne volontaire de dépistage, mise en œuvre par les autorités sanitaires, et les recommandations hygiéno-diététiques (limitation de consommation des productions végétales provenant des jardins familiaux ainsi que des productions animales locales, conseils relatifs à l’hygiène corporelle et au nettoyage des sols, …) sont transmises par la préfecture de l’Ariège aux populations riveraines concernées (plaquettes, fiches et note d’information).

Combien de personnes sont concernées par la campagne? Y-a-t-il une partie de la population plus vulnérable ?

Sur la base du volontariat, il est proposé à l’ensemble de la population de la commune (habitants permanents ou temporaires) de mesurer leur imprégnation individuelle au plomb retrouvé dans les sols et de renseigner un questionnaire sur leurs habitudes de vie et de consommation alimentaire.

 
Quelles sont les autres sources de contamination possibles pour ce polluant? Quelles sont les modalités d’exposition ? Quelles sont les plus fréquentes? Comment est-on exposé au Plomb ?

En France, la principale source d’intoxication par le plomb est la peinture des habitations anciennes et dégradées, que les jeunes enfants peuvent ingérer sous forme de poussières ou d’écailles, y compris lors de travaux sans précaution. Les branchements et canalisations en plomb du réseau d’eau potable peuvent également être une source d’exposition chronique ; la solubilisation du plomb dépendant des caractéristiques physico-chimiques de l’eau.
Cas particulier des personnes habitant dans une zone où les sols sont diagnostiqués pollués.
Les personnes habitant dans une zone où les sols sont pollués s’exposent également en inhalant des poussières riches en métaux (Pb), à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments. Il arrive que les jeunes enfants avalent un petit peu de terre contaminée quand ils jouent à l’extérieur. Les polluants peuvent également être ingérés en consommant des aliments (légumes, fruits, etc.) produits sur place.
Les quantités sont faibles mais, lorsque l’exposition est régulière et prolongée, cela peut conduire à des niveaux d’imprégnation plus élevés que ceux de la population générale.

Quels sont les effets sanitaires du Plomb ?  

Les effets toxiques du plomb sont principalement neurologiques, hématologiques et rénaux. L’intoxication au plomb est souvent asymptomatique et lorsqu’on décèle des signes cliniques, ils sont tardifs et non spécifiques (troubles du comportement, de l’humeur, de la motricité, baisse des performances scolaires, douleurs abdominales, diarrhées, constipation, anorexie, pâleur, asthénie).

Les enfants de moins de 7 ans et les femmes enceintes sont les  catégories de population les plus à risque :

  • les enfants du fait de leur coefficient d’absorption digestive élevé, d’un risque d’exposition plus important lié à l’activité main-bouche et parce que leur système nerveux est en développement ;
  • les femmes enceintes du fait des risques encourus pour elles-mêmes (hypertension gravidique) et pour le fœtus (avortement, prématurité, malformations congénitales, et toxicité retardée notamment sous la forme de retards psychomoteurs).

Chez les adolescents et/ou les adultes : la présence de plomb dans le sang a pour effet :

  •  l’augmentation des risques de maladie rénale chronique et d’hypertension artérielle,
  •  l’altération de la qualité du sperme et la diminution de la fertilité masculine,
  • la diminution du débit de filtration glomérulaire et l’augmentation de la pression artérielle.

Comment les toxiques se stockent et s’éliminent de mon corps ?

En ce qui concerne le plomb, il est incorporé par voie digestive, respiratoire ou sanguine (mère-fœtus, se distribue dans le sang, les tissus mous et surtout les os du squelette (94 %), dans lequel il s’accumule progressivement.
Après arrêt d’un processus d’intoxication, la plombémie diminue avec une demi-vie de 20 à 30 jours.

Existe-t-il un seuil sanitaire pour le Plomb ?
Le seuil de définition d’un cas de saturnisme infantile est de 50 μg/l.
Un résultat proche ou dépassant cette valeur entraîne une enquête environnementale complémentaire à domicile.

Qu’est-ce qu’une valeur de référence ?

La valeur de référence indique la valeur de concentration en-dessous de laquelle se situe la plus grande partie de la population française. Un niveau d’imprégnation supérieur à cette valeur traduit l’existence d’une surexposition. Cette valeur de référence ne peut pas être considérée comme un seuil sanitaire.
La valeur de référence estimée pour la population française est pour la plombémie : 70 µg/l chez les femmes et les hommes de moins de 40 ans et 120 µg/l chez les hommes de 40 ans et plus.

Que faire en cas d’exposition individuelle ? Les personnes exposées doivent-elles bénéficier d’un suivi médical particulier ?

En fonction des résultats de la plombémie,  traités  par  le CHU de Toulouse (laboratoire agréé) en charge du dépistage, le centre antipoison (CAPTV) de Toulouse,  proposera si nécessaire un suivi médical adapté.

Qu’en est-il de la qualité de l’eau potable ?

Les hameaux de Sentein sont tous alimentés en eau potable exempte de contamination chimique. Les normes de potabilité sont respectées pour tous les paramètres y compris en ce qui concerne les métaux et métalloïdes.
La cabane pastorale du Bentaillou, fréquentée 4 mois par an par des bergers est alimentée par une eau présentant un dépassement des normes sur les paramètres aluminium et nickel. Une nouvelle source dont l’eau répond aux critères de potabilité sera captée au printemps 2016.
L’eau des sources, présentes sur le secteur minier, ne fait pas l’objet de contrôles et d’analyses au même titre que l’eau potable. Par principe de précaution, leur eau doit être considérée comme non potable car une pollution chimique liée à l’activité des anciennes mines ou à la géologie naturelle des terrains est possible. De plus, on ne peut pas garantir leur potabilité bactériologique car des animaux sauvages et du bétail fréquentent leurs abords.

Quels sont les bons réflexes à adopter pour limiter le risque d’intoxication ? Comment faire pour limiter l’exposition individuelle ? (règles habituelles d’hygiène)

Hygiène individuelle : efficacité de gestes simples

  • lavages fréquents des mains, avec du savon, surtout avant les repas
  • veiller au bon lavage des mains des enfants
  • ongles coupés courts, régulièrement brossés
  • lavage fréquent des jouets utilisés en extérieur
  • ne pas laisser les enfants jouer dans la terre
  • lavage des vêtements de jardinage.

  Cultures potagères et alimentation

  • limiter en quantité la consommation de fruits et légumes cultivés sur sols potentiellement concentrés en métaux ; le cas échéant, les laver soigneusement
  • en cas de jardin potager, arroser les cultures à visée alimentaire avec une eau potable (eau du robinet ou autre ressource contrôlée)
  • alternative : culture hors sol (en pots) ou recouvrement de terre végétale non chargée en métaux (donc contrôlée) sur environ 30-50 cm d’épaisseur (selon les types de cultures souhaitées)
  • se laver les mains avant les repas ou la préparation des aliments
  • veiller à avoir une alimentation diversifiée et ne pas se limiter à celle de son potager.

  Consignes pour l’entretien du logement

  • nettoyage humide du sol des habitations (préférer la serpillière au balai ou à l’aspirateur qui remettent les poussières en suspension sans les éliminer)
  • limiter l’entrée de poussières extérieures : (les chaussures, les objets, les animaux domestiques qui rapportent des poussières, via leurs poils...) par le lavage régulier des rebords de fenêtres et des sols en dur autour des habitations
  • éviter si possible les sols nus (terre) autour des habitations: les recouvrir par dallage, herbe, graviers…
  • préférer les sols et revêtements facilement lavables dans les habitations (carrelages, parquets) ; éviter tapis et moquettes qui retiennent les poussières.